DHAKA - L’histoire de l’école du slum de SAYEEDABAD

DHAKA - L’histoire de l’école du slum de SAYEEDABAD

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Comme dans beaucoup de pays en voie de développement la plupart des enfants de familles pauvres, à Dhaka, ne sont pas scolarisés, bien que les parents soient de plus en plus conscients de l’importance d’un minimum d’éducation. La scolarisation d’un enfant revient assez chère, il faut acheter un uniforme, payer un droit d’inscription, de plus l’enseignement n’est pas de qualité et les parents doivent avoir recours à des cours privés, trop chers pour eux. Les écoles sont souvent éloignées, les très jeunes enfants ne peuvent pas s’y rendre seuls.

C’est en 1996 que nous avons ouvert notre petite école dans un bidonville situé près de la gare routière de Dhaka. Construite en bambou et en tôle, le mur extérieur est en briques, elle comprend 3 pièces, les enfants travaillent assis par terre sur des nattes, l’arrivée du courant électrique nous a permis d’avoir de la lumière et surtout des ventilateurs.

Nous enseignons les enfants de la classe préparatoire à la classe V, ce qui constitue le cycle primaire. A la fin de la classe V, les élèves passent un examen organisé par le gouvernement qui leur permet d’aller au collège. Jusqu’à présent tous nos élèves ont réussi cet examen, souvent avec mention.

Afin d’accommoder un maximum d’enfants les cours ne durent qu’une heure et demie pour la classe préparatoire et la classe I, deux heures pour la classe II, trois heures pour la classe III. Les élèves de ces quatre classes sont divisés en deux groupes. Les classes IV et V qui comprennent plus de matières durent quatre heures et demi.

Pour les enfants de la classe préparatoire nous avons développé notre propre méthode afin de rendre les cours plus intéressants et leur apprendre plus rapidement à lire et à écrire. Depuis quelques années le gouvernement fournit également deux livres pour cette classe que nous utilisons également.

Nous avons acheté des livres de bibliothèque que nous prêtons aux élèves des grandes classes ou que les instituteurs lisent aux plus petits. Nous donnons également la possibilité aux enfants d’économiser. Toutes les semaines ils peuvent apporter un peu d’argent qu’ils reprennent en général pour les fêtes de l’Eid. Quelques mères de famille apportent également leurs économies.

Quand nous avons commencé à travailler dans cet endroit, beaucoup de familles vivaient dans des abris de fortune de part et d’autre de la voie de chemin de fer. A plusieurs reprises elles ont été expulsées et leurs abris ont été détruits. Actuellement les parents des enfants que nous accueillons vivent, pour la plupart, dans des habitations en dur, en tôle ou en bambou, une seule pièce pour toute la famille, pour laquelle il leur faut payer un loyer, ce qui pèse lourd sur le budget familial.

Les pères sont conducteurs de rickshaws, journaliers, marchands ambulants, travaillent dans différentes usines… les mères sont employées de maison dans des familles plus aisées, collectent des papiers, du plastique ramassé au bord des rues. Autour de l’école existent des boutiques qui font le tri et revendent les différents matériaux

Dès que les enfants sont en âge de pouvoir travailler, ils font de petits boulots, quelques uns sont obligés d’arrêter l’école afin de contribuer au revenu de leur famille. D’autres poursuivent jusqu’en classe V, certains vont au collège encore quelques années grâce aux sacrifices de leurs parents et parfois de leurs grands frères qui travaillent déjà, mais beaucoup doivent abandonner car les cours sont trop chers. Nous avons un petit budget pour aider financièrement les élèves les plus pauvres. Quelques élèves cependant ont passés leur brevet, d’autres sont allés jusqu’au baccalauréat puis à l’université.

Même si les élèves arrêtent leur scolarité au bout du cycle primaire voire avant, ces quelques années leur auront permis de gagner confiance en eux-mêmes grâce à l’attitude bienveillante de leurs instituteurs, elles auront élargi leur univers. Les élèves auront également acquis des notions d’hygiène, appris comment mieux se comporter, et leurs propres enfants iront très certainement à l’école.

Chaque année nous accueillons 150-170 élèves pris en charge par 5 instituteurs dont certains travaillent à temps partiel.

Elisabeth AHMED

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